Chapitre 2 confrontation et recherche
De retour au palais, le cardinal s’avance vers le roi. L’air confus du ministre indispose Louis qui n’écoute que distraitement son récit. La disparition d’un cadet le chagrine mais sans plus, après tout il n’était qu’un cadet.
Et c’est agacé que Louis quitte son fauteuil et se dirige, seul, vers ses salons privés. Le cardinal semble vouloir le suivre, mais d’un geste, sans même un regard, le monarque lui fait signe de le laisser seul.
Tréville envisage un instant de suivre Louis, mais il se ravise en le voyant si maussade. Il se tourne donc vers Richelieu, la mine sombre qu’il présente annonce une discussion qui s’annonce houleuse.
Les trois hommes qui sont restés de marbre jusque-là, gardant leur position, se rapprochent déjà du cardinal. Les lèvres pincées et les mâchoires crispées des hommes n’augurent rien de bon pour lui. Il est clair qu’ils comptent demander des explications et qu’elles ont intérêt à être convaincantes.
Le cardinal a remarqué les visages tendus et s’y attendait. Il lance donc le premier le dialogue avec eux, préférant, comme toujours, l’attaque à la défense.
« Je suis désolé pour votre ami, je n’ai rien pu faire. Ils étaient nombreux et il était seul. Je ne pensais pas qu’un tel voyage s’achèverait de la sorte ! Je tiens à m’excuser de la tournure des événements, en particulier auprès de vous, Athos. » lance-t-il, d’un air faussement navré.
Le regard d’Athos ne trahit rien mais cette impassibilité cache la plus folle des inquiétudes. Pourtant il est surpris par les mots du cardinal.
« Pourquoi vos excuses me sont-elles spécialement adressées ? »
Il a posé la question avant même que Tréville n’ait le temps d’intervenir lui-même, évitant ainsi un échange qui pourrait tourner au désavantage de son mousquetaire. Il sait le lien qui unit les deux hommes mais n’en n’a pas fait état devant Louis, ni le ministre, cela ne les regardant pas et d’ailleurs cela ne semblant alors pas les intéresser. Il se demande bien comment et par qui, Richelieu a pu apprendre cette information.
Un éclair traverse rapidement le regard du cardinal, mais avant de relever les yeux, il se reprend afin de ne montrer qu’un air contrit à ces hommes qui l’affrontent, ouvertement vindicatifs.
« Je sais votre lien de parenté avec ce garçon. C’est aussi simple que cela. Vous comprenez que je me dois d’être informé de tout, en particulier lorsque le roi est concerné. Et c’est en raison de ce lien que je vais demander à mes gardes d’aider votre régiment à la retrouver. »
Puis sans attendre la moindre réaction de leur part, il quitte le salon pour ses bureaux, satisfait de son petit effet.
Porthos grogne sous le coup, tout en surveillant Athos du coin de l’œil, craignant une réaction trop vive de son ami. La surprise provoque une réaction, fait assez rare pour être soulevé, chez Athos qui reste interdit, observant le départ du cardinal, la bouche légèrement ouverte mais incapable de prononcer un seul mot. Aramis quant à lui ne tarde pas à se tourner vers Tréville, l’interrogeant d’un regard ?
« Comment … ? » mais il ne peut achever sa phrase
« Je n’en sais rien. Je n’ai jamais parlé de quoi que ce soit. »
« Nous devons le retrouver, le reste importe peu » finit par lâcher Athos, qui semble s’être enfin repris.
« Vous avez raison, pourtant il nous faudra résoudre ce mystère, après cela » reconnaît Aramis.
Bien qu’il n’en laisse rien paraître, Athos, n’en bouillonne pas moins à l’intérieur, se demandant comment ce diable de cardinal a pu détenir cette information.
D’après ce que le cardinal a laissé entendre, le jeune homme a été enlevé et non tué. C’est un point qui mérite d’être interrogé car qui peut souhaiter agir ainsi, dans quel but ? l n’est pas d’une grande maison, ni d’une grande fortune. Ce n’est qu’un hobereau. Certes il est seigneur d’un domaine, mais sans grande promesse. Nulle fortune à remettre en échange de sa vie. Tout ceci intrigue Athos qui se demande les raisons de cet enlèvement. Mais pour autant, ce qui interroge le plus, au-delà des motivations, c’est que les brigands disposaient d’une bien meilleure prise alors, en la personne du cardinal. Or ils ne s’en sont pris qu’à son cousin.
Les hommes quittent le salon à leur tour, et avec l’autorisation de leur capitaine qui a compris l’impatience qu’ils maîtrisent à la perfection, retournent à la garnison pour préparer leurs montures et leurs effets. Ils vont partir quelques jours et partir à al recherche du jeune homme.
« L’aide de la garde rouge ? Je préfère en rire » explose Porthos.
« C’est certain que nous n’allons pas attendre après eux. Ils ne trouveraient pas Paris tous seuls déjà ! » ironise Aramis.
« Ne perdons pas de temps. Porthos va préparer les chevaux, je m’occupe de Serge » calme Athos, concentré.
« Par où commençons-nous ? »
« Puisque Tréville a parlé de la basilique Notre-Dame-de-Bonne-Garde, allons là et nous verrons bien si quelqu’un peut nous aiguiller »
« Ce n’est pas loin, nous y serons rendus avant la nuit » commente Aramis.
Une fois les préparatifs achevés et la nourriture obtenue par Athos auprès de Serge, les gourdes pleines, les hommes partent en direction du sud-est, vers cette ville où leur ami a été vu pour la dernière fois.
Le petit galop qu’ils ont gardé tout au long du chemin leur assure une arrivée en fin d’après-midi et puisqu’il connaît les manières des moines, Aramis est envoyé pour leur parler. Ils confirment la venue du cardinal dans leurs murs, le père abbé entreprenant de raconter par le menu détail les travaux et projets du cardinal pour le prieuré est bien vite arrêté par le mousquetaire qui ne souhaite pas obtenir ces informations mais celles concernant son jeune ami. Pourtant aucun ne semble avoir réellement prêté attention au cadet puisqu’il s’est contenté de rester à l’extérieur et de surveiller les abords.
Pendant qu’Aramis était occupé avec les moines, Athos et Porthos ont entrepris de vérifier les alentours immédiats. A la recherche d’une éventuelle piste.
Mais leurs efforts restent vains. La basilique se trouve assez éloignée de la ville elle-même et peu de se rendent jusque-là, il n’y a pas âme qui vive sur la route quittant les lieux.
« Dès qu’Aramis sera revenu, nous reprendrons la route que d’Artagnan a prise avec la calèche. Il n’a sûrement pas pris un chemin annexe avec le cardinal » fait remarquer Porthos.
Athos ne répond pas mais son silence n’est qu’une confirmation de ce que pense chacun et de ce qui le travaille.
Se concentrer et se focaliser sur l’enquête elle-même l’aide à ne pas sombrer davantage. La présence et le soutien de ses frères importe plus qu’il ne l’exprime.
Lorsqu’enfin Aramis sort des murs du prieuré, Porthos et Athos sont prêts à repartir, leurs chevaux piaffant déjà d’impatience. Ils se lancent donc tous les trois sur la route entre le prieuré et Paris, mais très rapidement ralentissent leurs montures afin d’être certain de ne rien manquer qui pourrait indiquer le lieu de l’attaque dont a parlé le cardinal.
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