Une douce lumière dorée baignait les jardins de France en ce matin paisible. Le soleil, éclatant déjà au sommet du ciel, illuminait les façades grandioses du palais de Versailles, où chaque pierre semblait raconter la gloire du Roi Soleil.

Deux cavaliers approchaient lentement des grandes grilles ornées d'or, leurs montures fatiguées par la longue route depuis Vérone. Vêtus sobrement, mais avec élégance, ils portaient sur eux le sceau du prince Escalus. Un intendant du roi s'avança à leur rencontre. Après un bref échange de documents officiels, il s'inclina avec respect et les invita à le suivre.

Ces deux cavaliers n'étaient autres que Roméo Montaigu, fils unique et héritier de Lord et Lady Montaigu, et Juliette Capulet, fille unique des Capulet. Deux noms ennemis, deux familles maudites par la haine... mais ce que nul ne savait encore à Vérone, c'est que ces deux jeunes gens, autrefois amants interdits, étaient désormais unis par les liens du mariage.

Grâce au Frère Laurent, un moine franciscain et confident discret, ils avaient scellé leur union dans le secret le plus total. Et c'est ce même secret qu'ils portaient en silence jusqu'à Versailles, où le prince Escalus les avait envoyés pour une mission cruciale : implorer l'aide du roi de France afin de mettre un terme aux querelles sanglantes qui divisaient Vérone.

Guidés à travers les somptueux couloirs du palais, Roméo et Juliette furent enfin conduits jusqu'au cabinet privé du roi. Un silence presque sacré régnait dans la pièce, où le mobilier raffiné et les tentures brodées de fils d'or témoignaient de la puissance du monarque.

Louis XIV les attendait, assis près d'une haute fenêtre, baigné dans la lumière du matin. À leur entrée, Roméo et Juliette s'inclinèrent profondément.

Mais lorsqu'il releva doucement la tête, Roméo croisa le regard du roi... et le temps sembla suspendu.

Le choc fut immédiat. Les deux hommes se fixèrent, stupéfaits. Leurs traits étaient si semblables que l'un aurait pu être le reflet de l'autre. Même regard profond, même port altier, même courbe du visage.

Aucun mot ne fut prononcé. L'air vibrait de cette question silencieuse qu'aucun n'osait formuler :
« Pourquoi me ressembles-tu tant ? »

Juliette, troublée par ce moment étrange, fut la première à briser le silence. Elle s'exprima d'une voix douce, encore marquée par l'étonnement :
— On pourrait croire que vous êtes... des jumeaux.

Roméo hocha lentement la tête, comme s'il confirmait malgré lui cette intuition troublante. Le roi, de son côté, resta silencieux, mais son regard s'assombrit d'un doute ancien, d'un souvenir peut-être oublié.

Ce jour-là, dans le cabinet du roi, sans que personne ne puisse encore le comprendre, deux destins venaient de se croiser. Et rien, plus rien, ne serait jamais comme avant.