Chapitre 2 - Le doute royal
Le silence qui suivit la remarque de Juliette fut presque pesant. Louis XIV, roi de France, homme de raison et de pouvoir, sentit un trouble inhabituel s'emparer de lui. Depuis son plus jeune âge, il avait appris à maîtriser ses émotions, à cacher ses pensées derrière un masque d'assurance souveraine. Et pourtant, en ce matin éclatant, il lui semblait regarder dans un miroir — un miroir vivant, fait de chair et de sang.
Roméo, lui, n'osait détourner les yeux. Il sentait au fond de lui une étrange chaleur, un instinct qu'il ne pouvait expliquer. Ce visage, si familier sans jamais l'avoir vu... Était-ce le fruit du hasard ? Une simple coïncidence ? Ou un secret enfoui dans les profondeurs du passé ?
Juliette, toujours à ses côtés, posa doucement une main sur le bras de son époux. Elle aussi ressentait le poids de ce mystère naissant.
— Votre Majesté, dit-elle en baissant légèrement la tête, nous sommes venus à la demande du prince Escalus de Vérone. Il souhaite que la France intercède pour mettre fin à la haine qui consume nos familles depuis des générations.
Louis ne répondit pas immédiatement. Il se leva de son siège, contourna lentement son bureau, et s'approcha de Roméo. Il le regarda en silence, détaillant chaque trait, chaque expression.
— Vous dites vous appeler Roméo Montaigu, dit enfin le roi. Et vous êtes l'héritier de cette noble maison de Vérone ?
— Oui, Sire, répondit Roméo avec respect.
Le roi fit quelques pas, pensif.
— Il y a quelque chose d'étrange chez vous... Une impression qui me trouble. Votre visage me semble... familier.
Il tourna alors le regard vers son fidèle intendant, Monsieur de La Valière, qui se tenait discret dans un coin de la pièce.
— Faites venir le cardinal. Dites-lui que le roi a besoin de lui... immédiatement.
L'intendant s'inclina et quitta la pièce d'un pas rapide. Juliette jeta un regard à Roméo, inquiète. Pourquoi le roi faisait-il appel à un cardinal ? Qu'avait-il vu ou compris dans ce simple échange de regards ?
Louis, lui, gardait le silence. Mais dans son esprit, un souvenir vieux de dix-sept ans commençait à se réveiller. Des murmures dans les couloirs du Louvre. Une nuit agitée. Des serviteurs congédiés sans explication. Et ce regard inquiet que le cardinal de Mazarin avait eu, ce soir-là, quand la reine avait accouché... non pas d'un enfant, mais de deux.
Il n'avait jamais osé poser de questions. Il était l'héritier, l'élu, le seul. C'est ce qu'on lui avait toujours dit.
Mais maintenant...
Il se tourna à nouveau vers Roméo.
— Dites-moi, jeune homme... qui sont vos parents exactement ? Savez-vous comment vous êtes venu au monde ?
Roméo cligna des yeux, pris au dépourvu.
— J'ai été élevé par Lord et Lady Montaigu, répondit-il. Ils sont mes parents. J'ignore tout du reste.
Louis hocha la tête, grave.
— Alors peut-être, Monsieur Montaigu, que ce que vous ignorez est précisément ce que nous devons découvrir.
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